La nouvelle réforme de l’assurance chômage, dont les premiers effets entrent en vigueur ce 1er novembre 2019, est un vrai sac de nœuds.
Dans un article publié par Mediapart ce lundi 28 octobre, un « expert » interrogé sur le nouveau mécanisme de « rechargement des droits » va jusqu’à « recommander » aux allocataires dont les droits sont en cours de ne pas accepter un emploi d’une trop courte durée pour éviter de se faire sucrer leurs indemnités.
Durcissement de l’assurance chômage
La réforme de l’Assurance-chômage entre en vigueur ce 1er novembre. 1,3 million de demandeurs d’emploi, dont les plus précaires, verront leurs indemnités baisser dans l’année qui vient.
C’est une véritable machine à fabriquer de la pauvreté qui va se mettre en branle à partir du 1er novembre. Même les agents du Pôle emploi en prennent le vertige. « Je n’ai jamais vu ça, un tel durcissement, aussi violent, lâche Aurélie, agente dans l’ouest de la France depuis dix ans. On touche les gens au portefeuille, on ne leur laisse plus de solutions. » L’objectif annoncé de la réforme : économiser 3,4 milliards d’ici fin 2021. Tout en mettant au passage un énorme coup de pression sur les demandeurs d’emploi, une nouvelle fois rendus responsables de leur situation.
Les principales mesures destinées à réformer l’assurance chômage :
- Tous les salariés disposant au minimum de 5 ans d’ancienneté dans leur entreprise peuvent bénéficier de l’assurance chômage en cas de démission pour réaliser un projet professionnel à compter du 1er novembre 2019
- Une nouvelle règle d’éligibilité des droits entre en vigueur à compter 1er novembre 2019 : la période de travail minimum pour accéder à l’assurance chômage est ramenée à 6 mois sur les 24 derniers mois au lieu de 4 mois sur 28
- Le seuil minimum pour le rechargement des droits au chômage, lui, est porté à 6 mois à compter du 1er novembre 2019, au lieu de un mois. Cela signifie qu’il faut avoir travaillé 6 mois pour bénéficier du rechargement de ses droits
- A compter du 1er novembre 2019, une dégressivité de l’indemnisation est instaurée au début du 7e mois pour les salaires supérieurs à 4 500 euros bruts mensuels
- Les travailleurs indépendants peuvent bénéficier de l’assurance chômage, sans cotisation supplémentaire à compter du 1er novembre 2019
- Pôle Emploi lance une nouvelle offre d’accompagnement et de services à destination des demandeurs d’emploi, des entreprises et des travailleurs précaires
- Un système de bonus-malus est instauré à compter du 1er janvier 2020 dans les entreprises de plus de 11 salariés afin de lutter contre l’enchaînement des CDD ou des missions d’intérim
- Pôle Emploi lance une nouvelle offre de services à destination des entreprises à compter du 1er janvier 2020 pour les aider à recruter
- Un nouveau mode de calcul de l’indemnisation entre en vigueur à compter du 1er avril 2020, basé non plus sur les seuls jours travaillés mais sur le revenu mensuel du travail.
À partir du 1er novembre, pour pouvoir s’inscrire comme demandeur d’emploi, il faudra avoir travaillé six mois au lieu de quatre (soit désormais 910 heures, ou 130 jours). Quant à la période de référence, celle sur laquelle l’Unédic se penche pour comptabiliser les heures passées à travailler, elle baisse de 28 à 24 mois.
Certaines personnes qui, dans l’ancien système, auraient pu être indemnisées en ayant travaillé par exemple 6 mois sur les 28 derniers mois, n’auront plus accès à l’assurance-chômage. Auparavant, il fallait avoir travaillé en moyenne un jour sur sept pour ouvrir ses premiers droits. Il faudra désormais avoir travaillé un jour sur quatre !
Les indépendants : 800 euros par mois
Les travailleurs indépendants pourront toucher, sous certaines conditions (notamment des revenus antérieurs d’au moins 10 000 € par an sur les deux années précédentes), une indemnisation de 800 € par mois pendant 6 mois.
En cas de perte d’activité, si l’entrepreneur n’a rien prévu, il se retrouve sans ressources. Une étude Ifop montre que 61 % des dirigeants interrogés avouent ne pas avoir anticipé une éventuelle liquidation ou perte d’activité. L’entrepreneur demeure l’actif le moins protégé alors que sans lui, pas de croissance, pas de développement économique et pas de création d’emplois. Un comble. En 2018, 50.185 dirigeants d’entreprise se sont retrouvés en liquidation judiciaire. Parmi eux, seul 1 % a bénéficié d’un maintien de revenus. Chiffre implacable et catastrophique.
Le dispositif ouvrant un droit d’accès au chômage aux travailleurs indépendants prévu par la loi Avenir professionnel, et qui entre en application ce 1er novembre 2019, est un dispositif très restrictif dans ses conditions d’accès et dans son niveau d’indemnisation. Il concernera entre 15.000 à 30.000 bénéficiaires seulement pour une indemnisation de 800 euros pendant six mois.