Avec l’essor d’Internet, je lance un premier site que l’on peut consulter ici. Il s’agit d’innover sur un territoire vierge. Je créé l’association « Le club des Cyberworkers« . Et de créer : le premier annuaire des télétravailleurs, le newsgroup fr.biz.teletravail et d’organiser des chats sur IRC – on discute des nouvelles façons de travailler et des nouveaux métiers.
Mais même si nous, français, avions tous pratiqué le Minitel et le paiement sécurisé, faire des achats en ligne n’était pas concevable et encore moins pour faire appel à une télésecrétaire ou à un graphiste.
1998, je crée deux sociétés : Xcom (agence de communication événementielle) avec laquelle nous organisons les salons Téléform (consacré aux nouvelles technologies pour l’emploi et la formation) :
et Cybermedias pour l’hébergement de serveurs :
2000 : nous étions en pleine bulle Internet, un de mes formateurs nous quitte, car il vient de lever 20 millions de francs, avec un projet de moteur de recherche par cartographie : Ismap ! Je recrute des ingénieurs en informatique. J’ai beaucoup d’ambition et les montants des levées de fonds donnent le tournis. Nous cherchons à obtenir des financements via le capital-risque et candidatons au prix Tremplin Entreprises, organisé par le Sénat et l’ESSEC. Nous gagnons devant 200 dossiers : le télétravail plaît, car il peut créer de l’emploi.
Notre objectif est de concevoir la première plateforme de mise en relation entre les prestataires et les donneurs d’ordre en télétravail. Le journal Libération, l’Express, le JDN encore AEF info en parlent : c’est un projet considéré comme international et novateur.
Pierre LAFFITTE, sénateur et pionnier du télétravail en France devient actionnaire de la SAS. Il me confie qu’il est rarement actionnaire des entreprises qu’il côtoie (il en connaît de nombreuses ayant impulsé en 69, la technopole Sophia Antipolis) et que sa dernière participation remonte à la création de la mythique Sun Microsystems !
Été 2000, nous sommes reconnus en tant que start-up prometteuse mais suite au crash du NASDAQ, la levée de fonds devient illusoire. Avec du recul, je dirais que si j’ai été très mauvais lors de mes présentations aux investisseurs, c’est pour une raison évidente : je n’arrive pas à parler leur langage.
Je me souviens du conseil (façon grand seigneur de la Tech) d’un chargé de mission de chez Axa Strategic Ventures : « Pourquoi ne pas fonctionner comme une agence d’intérim ou faire l’intermédiaire afin que vous encaissiez la totalité du chiffre d’affaires ?« . C’est exactement ce que fera freelance.com qui rentrera en bourse en 2005. Son fondateur Sylvain Vieujot, serait la plus grande fortune française de Dubaï et se retrouve au cœur de la guerre dynastique émiratie.
L’ubérisation du travail à distance séduit le géant du ecommerce, Amazon. Avec Mturk, Jeff BEZOS propose une plateforme de fournisseurs au « mieux disant », ceci pour des tâches ne pouvant être (encore) réalisées par un ordinateur. Et des journalistes d’écrire : « Contre quelques centimes, une armée d’humains robotisés travaillent pour les algorithmes qui dirigent nos vies« .
Après UpWork qui rentre en bourse aux USA, Fiverr arrivé, c’est « la place de marché en ligne pour les travailleurs indépendants« . Selon des statistiques récentes le leader du freelancing réalise un chiffre d’affaires de plus de 500 MUSD avec un effectif de 500 salariés, le reste étant des télétravailleurs déclarés ou non, la majorité étant dans les pays du Sud. Voir aussi son clone français : 5euros.com (qui vient de changer de nom).
« Tout est à 5 euros« , je comprends ce que tout cela signifie : baisser le coût du travail, créer une concurrence mondialisée, dégrader les conditions de travail, s’affranchir du droit du travail (qu’on tente de remplacer par des conditions générales léonines) et évaluer les humains avec des étoiles.
Retour en 2001 : Nous sommes encore à l’époque du Nokia 8810 qu’on aperçoit dans le film Matrix. Laurent, Kamel et d’autres startupers me rejoignent pour développer un logiciel appelé le « Bureau Virtuel« .
Cette application propose une suite d’outils en ligne : échange de fichier inspiré du logiciel Emule, messagerie instantanée à partir du protocole Jabber, partage d’écran façon UltraVNC et cobrowsing. Notre modèle économique est : la gratuité en échanges de la présence de publicités. C’est un réel échec, car pour être rentable il faut énormément d’utilisateurs.
Après ce virage dans le monde du logiciel, je reviens vers le besoin fondamental des télétravailleurs : trouver du travail. Je fais de la téléprospection pour alimenter notre banque de missions et comme un marchand de listes, revends des abonnements à qui souhaite obtenir les coordonnées des entreprises souhaitant faire appel à des freelances.
A cela j’associe : séance de coaching à la demande, réalisation de brochures de vente pour les personnes incapables de se présenter et mise à disposition d’un outil pour créer son site Internet en quelques clics. Toutefois, de nombreuses personnes n’arrivent pas à convertir les prospects de la banque de missions en clients. Je tente de mieux qualifier les besoins lors du démarchage téléphonique : rien n’y fait. Je diffuse pour mon compte un projet à faire réaliser par des télétravailleurs pour en avoir le cœur net et comprends que : Les télétravailleuses et les télétravailleurs n’arrivent pas à obtenir des missions car la plupart ne savent pas se vendre.
2002 : je fonde l’association AMT me disant que nous devrions faire de la formation. Étrangement, les statuts décriront exactement le projet actuel. Pourquoi ne me suis-je pas lancé dans la formation à ce moment-là ? Car j’avais une revanche à prendre.
Me sentant dans l’impasse (alors que la solution était déjà face à moi), j’entreprends d’autres projets et notamment :
De par mon histoire personnelle j’ai besoin de reconnaissance, alors je réalise un vieux rêve ; produire et animer une émission : Chasseurs d’emploi. Je suis diffusé sur la télévision locale mais peu importe, la presse en parle beaucoup et même au niveau national. Le modèle économique d’une chaîne sur la TNT étant la publicité, je tombe sur la même impasse qu’avec le « Bureau Virtuel« .
Partant dans tous les sens, est arrivé ce qui devait arriver. D’une certaine façon, je l’ai scénarisé dans mon premier long métrage de fiction. Je raconte, sur un mode docufiction, l’histoire d’un collectif qui lutte contre le chômage et le mal logement. Comment ce projet connaîtra le succès puis se disloquera (trahison de l’équipe, corruption, recherche du pouvoir, etc).
J’écris une scène qui s’inspire d’une séance de coaching :
Le spect’acteur (prosumer en anglais, pour producer/consumer) que décrit Pierre Barboza, intervient dans la narration : à la confluence entre le spectateur qui est témoin de l’action et l’acteur qui agit, le spect’acteur apporte une notion d’interactivité avec le contenu.
Lors d’une projection, une personne me demande ce que sont devenus les chômeurs dont on parle dans le film, je précise que ce film est une fiction, mais que beaucoup de choses écrites sont survenues ensuite. Qu’il nous appartient de devenir « spect-acteurs » de notre vie. J’explique aussi le syndrome du film « Intouchables » : Un tétraplégique fait la rencontre inattendue d’un ex-détenu.
En France, près de 20 millions de spectateurs sont allés voir Intouchables, à la sortie de la salle de cinéma, certains comme moi se disaient : « mince ! Un handicapé traverse seul la rue, je vais l’aider« , mais quelques semaines après la majorité qui y prête encore attention ?
Dans ce 2ème extrait du film CVStreet, j’évoque cela sous la forme d’un quiz télévisuel :
Quand on va mal, il n’est pas aisé de comprendre à quel point l’introspection peut être utilisée comme moyen de se reconnecter à ses valeurs, à ses passions et à sa raison d’être.
C’est le parcours nécessaire, voire indispensable, de tout entrepreneur qui puise sa motivation par l’être et non l’avoir. Je comprends toutefois, que certains ne travaillent que pour gagner de l’argent mais je ne m’adresse pas à eux.
Certains (idéalistes comme moi) utilisent la création artistique pour prendre contact avec sa vie ou créent leur propre emploi pour rechercher l’autonomie financière et ne pas se soumettre au salariat.
D’autres, en situation d’exclusion, remettront la faute sur autrui, diront que le système est mal fait, que les patrons cherchent uniquement le profit, pire : que le chômage est à cause des étrangers. Il est facile mais surtout destructeur de reprocher à l’autre ce que l’on déteste en soi.
Obtenir sa liberté professionnelle se paie au prix fort. L’idéal est selon moi, de se faire accompagner pour éviter de procrastiner. C’est pour cela que l’AMT vous propose de faire un bilan de compétences.
Fallait bien que je fasse un peu de pub.
Alléluia ! Avec cette crise sanitaire, les entreprises ont enfin compris l’intérêt du télétravail. Puis surtout qu’on pouvait aussi bien « superviser » les travaux des salariés que ce soit en distanciel ou en présentiel. Il faut dire, qu’avant, le télétravail salarié concernait essentiellement les cadres, les commerciaux et les salariés nomades.
Comme nombreux d’entre vous, la Covid fut le début de grandes difficultés au niveau moral et financier. J’approchais les 50 ans, et je suis repassé par la case « reconversion« , avec option chômage sans indemnisation. Je suis descendu de haut, moi qui paraissais comme le « pionnier du télétravail« , le « coach des chômeurs« , « le concepteur et animateur d’une émission de télé sur l’emploi« …
Du coup : inscription au RSA et tout ce qui va avec : manque d’estime de soi, perte de valeurs, ressassement, isolement, colère puis tristesse une fois que j’ai commencé à comprendre le pourquoi de mes souffrances et les frasques de mon ego.
On dit souvent qu’il faut être passé par « là« , pour comprendre… Je le confirme, je sais maintenant ce que signifie « une reconversion« . J’ai effectué en 2021, une VAE afin d’obtenir un titre de Formateur Pour Adultes. Et ceci grâce aux personnes du Service Public de l’Emploi notamment Vincent SELLIER, un excellent psychologue du travail.
Fallait bien que je fasse un peu de pub pour lui aussi !
Je pense que l’interaction comme modalité pédagogique sera très présente dans l’autoformation et notamment pour ceux qui ne peuvent apprendre que via du microlearning.
Nous pouvons aussi prévoir de plus en plus de Serious game qui permettront de simuler des mises en situation professionnelles, par exemple : un entretien de recrutement ou encore de sensibiliser à des problématiques fortes, via une approche ludo-éducative :
C’est ainsi que certains imaginent que l’intelligence artificielle et les Deep Fakes pourront créer un environnement immersif qui nous suivra lors de nos apprentissages et pourra résider sur nos médias, afin de nous aider à la décision.
Je suis contre ces « innovations » car elles visent à déshumaniser l’alliance pédagogique entre l’apprenant et le formateur.
Prenons plutôt modèle sur ce qui se fait de mieux : le compagnonnage. C’est-à-dire un accompagnement individualisé et mentoré, de la rigueur dans les pratiques (les droits et devoirs de l’apprenant et du formateur) et l’amélioration constante de nos actions.
L’association AMT utilisera différents sites tels que Cyberworkers.com et Teletravailleurs.com pour œuvrer selon les principes fondateurs de 1996 et nos valeurs associatives : solidarité, travail et fraternité.
L’accès à la banque de missions deviendra ouvert et « solidaire ». La différence entre les mots gratuit et solidaire est importante, voir l’explication des contreparties.
Dans une société des compétences et des savoir faire, l’altérité forme un tout. Il s’agit, pour l’AMT, d’ancrer nos prestations sur le partage de l’expérience, le goût de la liberté d’entreprendre et la responsabilisation de chacun.
Pour pérenniser ce projet « solidaire« , la chaîne d’entraide des télétravailleurs indépendants créera des maillons forts et certifiés.
Ceci afin que la transmission ne dépend pas de l’un d’entre nous mais des compétences acquises par l’ensemble.
J’ai intitulé ce projet : Les compagnons du télétravail.
Il s’agit de proposer à chacun de devenir compagnon pour qu’à son tour, il puisse former des apprentis.
Pour cela un parcours sera proposé et permettra d’obtenir un titre certifiant (je ne sais pas encore si celui si sera enregistré au RS ou au RNCP).
Il faut savoir que depuis le 1er janvier 2019, France Compétences est responsable des répertoires nationaux.
On en compte deux :
J’annoncerai prochainement les modalités pour former les premières personnes et faire un suivi de la première cohorte sur 2 ans.
Ce dispositif sera financé par les fonds de formation et les recettes engendrées par nos actions. Il ne sera pas rentabilisé avant 3 ans.
Pour cela prenons le temps de créer un dispositif exigeant et qualitatif. L’objectif est clair : tout compagnon devra obtenir aisément du travail à l’issue de son apprentissage.
À consulter :